L’année 2024 a apporté son lot de changements en matière de fiscalité pour les propriétaires de biens immobiliers en location meublée. L’investissement locatif meublé, un pilier de la rentabilité immobilière en France, doit aujourd’hui composer avec des ajustements fiscaux qui pourraient impacter les propriétaires et les futurs investisseurs. À travers cet article, nous passerons en revue les principales évolutions fiscales liées à la taxe de la location meublée en 2024 et analyserons leurs implications pour l’investissement locatif.

Taxe de la location meublée, les impacts sur la rentabilité d'un appartement en investissement locatif

Contexte fiscal de la location meublée

Depuis plusieurs années, la location meublée bénéficie d’une fiscalité avantageuse par rapport à la location nue. En effet, elle permet aux propriétaires bailleurs de profiter du régime des Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC), offrant la possibilité de déduire un certain nombre de charges et d’amortir le bien, réduisant ainsi la base imposable. Ce régime fiscal, particulièrement prisé des investisseurs, est régi par plusieurs critères dont le respect est essentiel pour continuer à en bénéficier.

Qu’est-ce que la taxation de la location meublée ?

La location meublée en France est définie par le fait de proposer un bien équipé de manière à permettre au locataire d’y vivre immédiatement. Cela inclut des meubles de base comme un lit, une table, des chaises, et des appareils électroménagers. Les revenus tirés de cette activité sont imposables sous le régime des Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC).

Ce régime fiscal offre deux options : le régime micro-BIC, qui est un régime simplifié, et le régime réel, plus complexe, mais souvent plus intéressant pour les investisseurs réalisant de hauts revenus locatifs.

distinction régime fiscal micro BIC et régime réel

Les évolutions fiscales prévues pour 2024

En 2024, plusieurs réformes pourraient affecter les propriétaires de biens en location meublée, notamment en ce qui concerne les seuils d’imposition et les régimes fiscaux applicables. Les changements à anticiper sont de l’ordre des seuils du régime micro-BIC, de la révision des déductions et des amortissements et des nouvelles règles pour les locations saisonnières.

Ajustement des seuils du régime micro-BIC

Le régime micro-BIC, actuellement plafonné à 72 600 € de revenus locatifs annuels, pourrait connaître une modification de son seuil en 2024. Cette évolution viserait à adapter le régime aux réalités économiques actuelles et à encourager la déclaration des revenus locatifs. Un nouveau seuil pourrait être fixé, impactant directement les propriétaires de locations meublées et leur choix de régime fiscal.

Révision des déductions et amortissements

Pour les propriétaires optant pour le régime réel, 2024 pourrait apporter des changements significatifs dans les règles de déductions et d’amortissements. Ces modifications pourraient limiter certains avantages fiscaux actuels, incitant les propriétaires à réévaluer leur stratégie fiscale. L’objectif serait de rationaliser les déductions tout en maintenant un équilibre entre les intérêts des propriétaires et ceux de l’État.

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Nouvelles règles pour les locations saisonnières

Les locations saisonnières devraient faire l’objet d’une attention particulière en 2024, avec une mise à jour des règles d’imposition. Ces changements viseraient à renforcer la transparence fiscale et à lutter plus efficacement contre la fraude. Les propriétaires de biens en location saisonnière pourraient être soumis à des obligations déclaratives plus strictes et à un contrôle accru de leurs revenus locatifs.

Impact du Rapport Le Meur sur la fiscalité locative

Le Rapport Le Meur, publié le 29 novembre 2023, propose des réformes visant à équilibrer le marché locatif. Concernant la location meublée, le rapport suggère des modifications sur les régimes fiscaux avantageux, notamment en matière d’amortissements, dans le but de réduire les écarts entre location nue et meublée. Si ces recommandations sont adoptées, elles pourraient significativement changer les stratégies d’investissement.

Infographie du rapport le Meur et des changements fiscaux

Fin du régime BIC pour les LMNP

Le rapport suggère de mettre fin à l’affiliation des loueurs en meublé non professionnels (LMNP) au régime des bénéfices industriels et commerciaux (BIC)[2]. Cela supprimerait certains avantages fiscaux actuels des LMNP, notamment la possibilité d’amortir leurs biens sous le régime réel.

Création d’un régime fiscal commun

Une proposition majeure est l’établissement d’un régime fiscal unique pour tous les types de location, qu’elles soient nues ou meublées. Cela vise à harmoniser le traitement fiscal entre locations nues et meublées, actuellement très avantageux pour les meublés.

Comparatif fiscalité : LMNP vs Pinel

Modification des seuils LMNP/LMP

Le rapport recommande de revoir à la hausse le seuil de recettes permettant de distinguer les LMNP des loueurs en meublé professionnels (LMP), passant de 23 000 € à 50 000 € de recettes annuelles.

Impact sur la rentabilité

Ces changements pourraient réduire significativement la rentabilité fiscale des investissements en meublé[1]. Le rapport souligne que 68% des contribuables en régime BIC réel (locations meublées) ne sont actuellement pas imposés sur leurs revenus locatifs, contre seulement 14% de ceux imposés en régime foncier (locations nues).

Objectifs de la réforme

L’objectif est de rééquilibrer le marché locatif entre locations nues et meublées, et de favoriser les locations de longue durée au détriment des locations touristiques de courte durée. Cela vise à remédier à la pénurie de logements, particulièrement dans les zones touristiques.

Il est important de noter que ce rapport est consultatif et que toute mise en application concrète nécessiterait un long processus législatif.

Évolution de la taxe foncière pour les propriétaires en 2024

La taxe foncière, qui a déjà connu une augmentation dans certaines régions en 2023, pourrait continuer à croître en 2024. Pour les investisseurs en location meublée, cela pourrait se traduire par des charges supplémentaires à prendre en compte dans le calcul de la rentabilité nette du bien.

Augmentation généralisée

La taxe foncière va augmenter d’au moins 3,9% partout en France en 2024. Cette hausse est due à la revalorisation forfaitaire des valeurs locatives cadastrales, qui servent de base au calcul de l’impôt.

Hausses supplémentaires dans certaines villes

En plus de l’augmentation de 3,9%, certaines communes ont voté des hausses significatives de leur taux d’imposition. Par exemple :

Stabilité dans la majorité des grandes villes

Cependant, 81% des villes de plus de 100 000 habitants n’ont pas modifié leur taux pour 2024, contre 76% en 2023. La tendance est similaire pour les villes moyennes.

Impact sur les propriétaires

La taxe foncière représente désormais en moyenne l’équivalent d’un à deux mois de loyer dans les 20 plus grandes villes françaises. Cette charge croissante pèse de plus en plus sur les revenus des propriétaires, notamment depuis la suppression de la taxe d’habitation.

Exonérations possibles

Certains propriétaires peuvent bénéficier d’exonérations totales ou partielles, notamment les personnes âgées ou handicapées sous conditions de ressources, ainsi que pour les logements neufs ou rénovés dans certaines conditions.

La taxe foncière continue globalement d’augmenter en 2024, mais de façon plus modérée que l’année précédente, sauf dans certaines villes ayant voté des hausses importantes.

Le régime BIC en 2024 : Quelles nouveautés ?

Le régime des Bénéfices Industriels et Commerciaux permet aux investisseurs de déduire leurs charges, ce qui en fait une option privilégiée pour ceux qui investissent dans la location meublée. Cependant, avec les réformes fiscales envisagées, certains experts anticipent des restrictions supplémentaires sur les déductions admissibles, en particulier pour les locations saisonnières dans des zones tendues.

Modifications pour les locations meublées de tourisme

Le régime BIC (Bénéfices Industriels et Commerciaux) connaît plusieurs changements importants en 2024, particulièrement pour les locations meublées de tourisme. Ces modifications visent à rééquilibrer le marché locatif et à favoriser les locations de longue durée au détriment des locations touristiques de courte durée.

Pour les locations meublées de tourisme non classées, le régime micro-BIC a été significativement modifié. Le seuil de chiffre d’affaires est abaissé de 77 700 € à 15 000 € par an, tandis que l’abattement forfaitaire passe de 50% à 30%. Ces changements ont pour objectif de réduire l’attractivité fiscale des locations de type Airbnb.

Mieux comprendre le régime micro-BIC 

Options pour la déclaration des revenus 2023

Concernant les revenus de 2023 déclarés en 2024, les contribuables ont le choix entre deux options. Ils peuvent soit appliquer les nouvelles règles avec le seuil de 15 000 € et l’abattement de 30%, soit conserver les anciennes dispositions avec le seuil de 77 700 € et l’abattement de 50%. Cette flexibilité permet aux propriétaires de s’adapter progressivement aux nouvelles mesures.

Maintien des avantages pour les locations meublées classiques

Il est important de noter que les locations meublées classiques (non touristiques) conservent leurs avantages fiscaux au régime micro-BIC. L’abattement de 50% sur les loyers perçus et le seuil de 77 700 € de recettes annuelles restent inchangés pour ce type de location.

Revalorisation du régime micro-BA

Enfin, dans le cadre du régime micro-BA (Bénéfices Agricoles), une revalorisation exceptionnelle du seuil a été mise en place. Pour les années 2024 et 2025, ce seuil est majoré à 120 000 €, contre 91 900 € auparavant. Cette mesure vise à soutenir les activités agricoles dans un contexte économique particulier.

LMNP (Loueur en Meublé Non Professionnel) en 2024

Le statut de Loueur en Meublé Non Professionnel (LMNP), très prisé des petits investisseurs, pourrait voir ses conditions d’éligibilité révisées en 2024. Le seuil de revenus locatifs pour bénéficier de ce statut pourrait être revu à la baisse, et des ajustements dans les règles d’amortissement du bien sont à prévoir, rendant potentiellement ce statut moins attractif.

La CFE (Cotisation Foncière des Entreprises)

Pour les loueurs en meublé professionnels (LMP), la Cotisation Foncière des Entreprises (CFE) est une charge à ne pas négliger. En 2024, on peut s’attendre à une harmonisation des règles de calcul de la CFE pour les locations meublées, ce qui pourrait affecter le montant à payer pour certains propriétaires.

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Impact des réformes sur l’attractivité de l’investissement locatif meublé

Avec des réformes qui tendent à réduire les avantages fiscaux, certains investisseurs pourraient se détourner de la location meublée. Cependant, pour ceux qui savent optimiser leur fiscalité, ce type d’investissement reste une option rentable, particulièrement dans les grandes villes et zones touristiques.

Durcissement du régime micro-BIC pour les locations meublées touristiques

La loi de finances 2024 a considérablement modifié le régime micro-BIC pour les locations meublées de courte durée. L’abattement forfaitaire pour les meublés de tourisme non classés passe de 50% à 30%, tandis que le seuil de chiffre d’affaires pour bénéficier du micro-BIC est abaissé de 77 700 € à 15 000 € par an. Ces changements réduisent significativement l’avantage fiscal dont bénéficiaient les propriétaires de locations type Airbnb, impactant ainsi l’attractivité de ce type d’investissement.

Maintien des avantages pour la location meublée classique

Contrairement aux locations touristiques, la location meublée classique (non saisonnière) conserve ses avantages au régime micro-BIC. L’abattement de 50% sur les loyers perçus et le seuil de 77 700 € de recettes annuelles restent inchangés. Cette stabilité préserve l’attractivité de l’investissement locatif meublé pour les locations de longue durée, offrant ainsi une alternative intéressante aux investisseurs.

Remise en question du statut LMNP

Le rapport Le Meur propose des changements majeurs qui pourraient affecter l’attractivité du statut LMNP. Il suggère la suppression de l’affiliation au régime BIC, ce qui éliminerait la possibilité d’amortir les biens, la création d’un régime fiscal unique pour tous les types de location, et une révision à la hausse du seuil distinguant LMNP et LMP. Si ces propositions étaient adoptées, elles réduiraient significativement la rentabilité fiscale des investissements en meublé, remettant en question l’attrait de ce statut pour de nombreux investisseurs.

Impact sur l’attractivité

Ces changements pourraient avoir plusieurs conséquences sur l’attractivité de l’investissement locatif meublé. On pourrait observer une baisse de l’attrait des investissements en meublé touristique, particulièrement dans les zones à forte pression locative. Les investisseurs pourraient se réorienter vers la location meublée classique ou la location nue. Selon les estimations du rapport Le Meur, on pourrait assister à une diminution de 15% à 20% des investisseurs en location meublée. 

Ces réformes pourraient également entraîner un rééquilibrage du marché locatif entre locations nues et meublées, favorisant potentiellement l’offre de logements pour les résidents permanents. En conclusion, bien que ces réformes visent à corriger certains déséquilibres du marché locatif, elles risquent de réduire significativement l’attrait fiscal de l’investissement en location meublée, particulièrement pour les locations de courte durée. Cependant, la location meublée classique conserve encore des avantages fiscaux intéressants pour les investisseurs.

Besoin d’accompagnement ?

L’année 2024 s’annonce comme une année de transition pour la fiscalité des locations meublées. Les investisseurs devront s’adapter aux nouvelles règles tout en optimisant leurs stratégies fiscales pour continuer à tirer profit de ce modèle rentable. Toutefois, la location meublée reste une option attrayante pour les investisseurs immobiliers en quête de rendement, surtout si ces derniers savent naviguer à travers les subtilités des régimes fiscaux proposés.

FAQ : Questions fréquemment posées

Les changements incluent des ajustements aux seuils du régime micro-BIC, des réformes sur l’amortissement des biens, et une potentielle hausse de la taxe foncière.

Oui, il est possible que les conditions d’éligibilité pour ce statut soient modifiées, notamment en termes de seuils de revenus et d’amortissements.

Les locations saisonnières pourraient être plus strictement régulées en 2024, avec un renforcement des obligations fiscales et déclaratives.

La Cotisation Foncière des Entreprises (CFE) s’applique principalement aux loueurs en meublé professionnels, mais des réformes pourraient élargir son champ d’application.

Malgré les réformes, la location meublée reste un placement attractif pour ceux qui optimisent leur stratégie fiscale, notamment dans les zones à forte demande locative.

Les revenus de location meublée doivent être déclarés sous le régime des BIC, avec le choix entre le régime micro-BIC ou réel selon vos revenus locatifs.

Sources :